3 QUESTIONS À Science & Technologie
3 questions à Gérald Holubowicz : IA virale, précarisation des créateurs et avenir numérique
16 Avril 2025
Impossible d’être passé à côté : les réseaux sociaux ont été envahis ces dernières semaines par des images générées par IA, reprenant des styles comme ceux des studios Ghibli ou Pixar. Des millions d’internautes, jusqu’à des entreprises ou responsables politiques, se sont prêtés au jeu. Derrière cette tendance, des enjeux sérieux. Gérald Holubowicz, journaliste spécialisé en IA et deepfakes, alerte sur les effets de cette technologie devenue mainstream.
Quand vous voyez ces contenus IA envahir les réseaux, quelle est votre première réaction ?
Je suis un peu désolé parce qu’en réalité, cet engouement surfe sur la vague des contenus Ghibli, et surtout sur la reproduction d’œuvres forgées après des décennies de pratique artistique. La vraie question, est : les droits de propriété intellectuelle sont-ils respectés ? Et la réponse est clairement non.
Même si le style Ghibli n’est pas protégé juridiquement, ce sont bien les films de Miyazaki qui ont servi à entraîner les modèles d’OpenAI et ça, c’est problématique.
Autre point : l’environnement. Générer des millions d’images demande un calcul énorme, donc de l’électricité, du refroidissement de serveurs… À l’échelle de la planète, l’impact est colossal.
Enfin, il y a la question des données personnelles. Quand vous envoyez une photo de vous, de vos enfants ou de chez vous, vous fournissez à OpenAI des données que l’entreprise va collecter et exploiter, et on ne sait pas comment.
Est-ce que cette tendance vous inquiète, au-delà des aspects techniques ? Et qu’est-ce que ça dit de notre époque ?
C’est inquiétant. On voit bien l’effort marketing de ces entreprises, qui cherchent à être présentes dans nos vies. Elles récupèrent un maximum de données pour nourrir leurs modèles, c’est une domination technologique très forte.
Mais on a encore la capacité de réagir. J’espère une prise de conscience des citoyens pour qu’on limite ce qu’on met entre leurs mains.
Et il ne faut pas seulement parler de remplacement. Moi, ce qui m’inquiète davantage, c’est la précarisation des artistes. Que ce soient les illustrateurs ou les comédiens de doublage, ils ne vont peut-être pas disparaître, mais leur métier va perdre en valeur, en stabilité. Pourtant, il y a une qualité humaine, une pâte qu’on recherche toujours.
Comment bien utiliser cette technologie ? Et comment imaginez-vous l’IA du futur ?
Il y a des bonnes et des mauvaises manières de s’en servir. Un domaine à surveiller, c’est la recherche d’information. La Columbia Journalism Review a montré que ces modèles commettent d’énormes erreurs factuelles et d’attribution. On peut tomber sur des infos qui n’existent pas.
Et leur consommation est absurde. C’est comme aller chercher une baguette avec un jet privé.
Pour l’avenir, j’appelle de mes vœux une IA au service du bien commun. Une IA de service public, open source, plus modeste, plus spécialisée. L’Europe pourrait inventer ce modèle. Elle n’a pas de retard sur les États-Unis ou la Chine : elle est juste en train de tracer une voie différente et, j’espère, plus saine.
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